L’avantage d’une année sabbatique, même contrariée par la COVID, est qu’elle amène à repenser la répartition de ses charges. Lorsque j’ai arrêté l’UNIL à quelques semaines du premier confinement grâce au Prix FEMS, j’ai été étonné de constater que – alors que tous mes cours s’étaient arrêtés et que je ne participais plus à aucune commission – une bonne part de ma charge de travail demeurait inchangée. Pourquoi ? Simplement parce que je continuais à relever mes mails.
Le constat d’une augmentation de la charge administrative fait l’unanimité au sein du monde académique, au point de devenir un lieu commun. Toutes les auto-évaluations de ces quinze dernières années en Faculté des lettres déplorent cette charge, sans parvenir à la diminuer.
Fort de mon année de congé, je fais désormais l’hypothèse suivante : une utilisation inadéquate des mails est à l’origine d’une partie considérable (essentielle?) de cette surcharge.
Cela ne devrait pas nous surprendre : puissant outil de diffusion de l’information, le mail s’est répandu dans le milieu professionnel (le plus souvent) sans formation ad hoc. Rapide, puissant, aisé, confondu avec d’autres moyens de communication qu’il a rendu presque obsolètes, il est également source de nombreuses nuisances s’il est mal utilisé.
Comptent au nombre des mauvais usages :
Renoncer à ces mauvais usages est essentiellement affaire de discipline et de communication. Discipline, car il s’agit de respecter quelques principes simples sans fléchir. Communication, car “ralentir” dans un environnement obsédé de réactivité n’est possible que si ces principes sont respectés, voire partagés par vos proches collègues.
Ces principes, les voici :
De simples règles de bon sens bien difficiles à tenir dans un monde où la réactivité est devenue un marqueur privilégié de professionnalisme. Pourtant, à l’heure des burn-out en série, une hygiène numérique (ou gestes barrière) est indispensable.
Depuis janvier, chaque personne qui reçoit un de mes mails trouve dans ma signature un lien vers des principes d’hygiène numérique et une heure de relève de mes messages. Avec pour effet, jusqu’ici, une drastique diminution de ma charge administrative et une meilleure gestion des dossiers fondamentaux.
Parfois, le meilleur usage d’une nouvelle technologie est à chercher dans sa limitation. Quelque chose me dit que, si nous nous y mettons tous, notre charge collective diminuera drastiquement. Je suis convaincu que l’UNIL gagnerait à se doter sans tarder d’une charte en matière d’hygiène numérique et à assortir sa messagerie d’une fonction “retard”. Notre université ferait alors d’une pierre deux coups : elle diminuerait son empreinte carbone numérique, tout en libérant du temps de recherche chez sa ressource la plus précieuse, Nous.
D’ici-là, c’est à vous de jouer.