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Procrastinations
Publié en Blog, Littérature, Psychologie le 5 juillet 2008 2 minute(s) de lecture
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La vie quotidienne offre mille occasions de nous en remettre à la “procrastination”. Si l’étymologie latine se lit avec clarté dans ce terme savant, elle ne suffit pas à couvrir l’intension du concept, et encore moins ses connotations négatives. “Remettre au lendemain” a beau décrire avec exactitude le processus, la phénoménologie qui accompagne une telle démarche fait défaut.

Car la procrastination, c’est avant tout un présent hanté. C’est avant tout le résultat d’une attitude qui, sous prétexte de libérer du temps, revient en réalité à prendre ce dernier en otage. De là son caractère négatif: comprise en son sens usuel, la procrastination revient le plus souvent à “perdre son temps” sous un quelconque prétexte, ainsi que l’illustre cet épisode de Tales of mere existence du désormais bien connu Lev Yilmaz.

Du prétexte au pré-texte il n’y a qu’un pas, d’autant que la procrastination fait partie intégrante de l’expérience littéraire. Car s’il s’agit bien – avec Flaubert –  de boire un océan et de le repisser, quand arrêter de boire sachant qu’on ne pourra jamais absorber l’immensité des flots? Si l’écriture est – avec Blanchot – aussi et surtout affaire de la main qui retient, quand se résoudre à l’écarter pour noircir des pages? Même Valéry avait à ce propos une maxime: après quelques assauts infructueux, ne renonce pas, n’insiste non plus. Mais garde ce problème dans les caves de ton esprit où il s’améliore. Changez tous les deux. Sage précepte assurément, mais qui n’évoque une fois de plus aucun critère à même de déterminer à l’avance si, dans l’ombre des celliers, le vin devient millésime ou tourne au vinaigre.

A défaut de circonscrire le concept, nous pouvons cependant nous satisfaire d’un air de famille, préférer une extension nécessairement incomplète à une intension nécessairement bancale, faire, en somme, un inventaire des situations où la procrastination est hors de tout doute.

C’est justement une telle approche qu’a choisi Johnny Kelly avec (à mon sens) beaucoup de réussite. Je vous laisse avec cette séquence, en souhaitant qu’elle nous mènera ensuite  à des tâches plus productives.


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  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Peur_du_travail

    On recense trois domaines privilégiés de la procrastination :

    * dans les études (et plus tard la vie professionnelle),
    * dans la vie quotidienne (procrastination routinière),
    * dans les prises de décision (procrastination décisionnelle).

    Vraiment, je me considère un procrastinateur des deux premières.
    L’ultime j’estime que tout le monde, avec pied sur terre, dois au moins prendre une décision, autrement on parle d’une “dépression”, pathologie dont les sujets affectés y augmentent.

    D’un coté plus positif, je balance qu’une personne equilibré et avec de l’appui peut tourner les facteurs négative en positive et changer les pôles.
    Avec certaines doses de procrastination ( sans inquiétudes) pourrai jouer le rôle d’une méditation, vu que le sujet s’abstient du monde et des problèmes inconscienment.

  2. Ernest Hemingway, the author of the classic The Old Man and the Sea, went from moments of harsh physical activity to periods of total inactivity. Before sitting to write pages of a new novel, he’d spend hours peeling oranges and gazing into the fire.

    One morning, a reporter noticed this strange habit.

    “Don’t you think you’re wasting your time?” asked the journalist. “You’re so famous, shouldn’t you be doing more important things?”

    “I’m preparing my soul to write, like a fisherman preparing his tackle before going out to sea,” replied Hemingway. “If I don’t do this, and think only the fish matter, I’ll never achieve anything.”

    http://paulocoelhoblog.com/2008/09/26/peeling-oranges/#comment-55006

  3. Cher Nho, sois le bienvenu sur ce blog!

    Je souscris complètement à tes commentaires et ai découvert en te lisant cette anecdote sur Hemingway. L’image du pêcheur préparant ses filets est assurément belle, d’autant qu’elle contient sa propre condition d’application: une fois les rets préparés, il faut gagner la mer chaque jour, qu’elle vous gagne ou non. C’est le lot du pêcheur de ne pouvoir se contenter de regarder l’étendue bleue et spéculer sur la présence (ou l’absence) de chairs blanches sous la surface.

    Alors bien sûr il est des journées où l’on revient bredouille à en haïr son travail. Mais cela n’en reste pas moins “son” travail, ce pour quoi l’on est fait, et c’est justement de cela dont il faut demeurer convaincu, même lorsqu’on a le ventre creux et les mains vides. En somme, il s’agit de ne pas oublier qu’il s’agit d’user sa vie.

    En tout cas (et comme tu l’affirmes) il est certain que la procrastination peut s’avérer salutaire quand bien même le “demain” en question est bien plus lointain que prévu. Des conversions inattendues restent possibles, pour peu que l’on “change tous les deux”. Il semble en effet que, dans leur nuit, les projets aussi rêvent.

    J’en ai eu la preuve pas plus tard qu’hier: un projet abandonné il y a plus d’une année suite à une impasse scénaristique vient finalement de trouver une issue heureuse.

    Je propose une moralité: tant que la procrastination n’est pas esquive, on doit se garder de l’esquiver.

    A bientôt Noh!

  4. En effet, j’aime cette moralité, faire de ton ennemi ton allié.
    Merci pour la bienvenue, et je trouve très intéressant ton blog.
    Je remercie le lien, si non je n’aurai pas aperçu le site.
    Vraisemblable est que la procrastination comme les rêves, ne sont qu’une illusion, à nous de les dominer.

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