Quelle aventure.
Vous connaissez peut-être cette histoire. En 1999, l’UNIL et l’EPFL passaient un marché : les mathématiques, la physique et la chimie quitteraient l’UNIL pour venir renforcer ces branches déjà enseignées à l’EPFL, jusqu’alors sous un angle de pure ingénierie. En contrepartie, l’UNIL demanda la création du Collège des humanités à l’EPFL, afin de permettre aux enseignant·e·s de l’UNIL d’enseigner des contenus de sciences humaines et sociales dans la Haute Ecole Polytechnique.
Etrangement, l’informatique n’a pas fait partie de ce legs. Elle s’est donc développée dans les deux institutions. Dans une optique essentiellement disciplinaire et ingénieriale côté EPFL et dans une optique appliquée et fondamentalement interdisciplinaire côté UNIL. En somme, dès l’origine, dans l’ouest lausannois, l’histoire de l’informatique s’est écrite au pluriel.
Et voilà que, ce jeudi 31 octobre, au Datasquare, nous inaugurions un centre UNIL-EPFL. Pour moi qui ai été proche de plusieurs moments qui ont conduit à sa création, je peux dire que l’histoire qui y mène intéressera un jour les historiens… voire les romanciers. Ces rapports, parfois conflictuels, racontent nos institutions et leur gouvernance. Ce centre est donc une nouvelle occasion, pour nous tous, de nous raconter autrement.
J’avais le grand plaisir d’officier en tant que maître de cérémonie pour cet événement qui fera date. L’occasion pour moi de donner la parole à Charlotte Mazel-Cabasse (directrice opérationnelle du centre), à Mme Nouria Hernadez (rectrice UNIL), à monsieur Martin Vetterli (Président de l’EPFL), à Mme Cesla Amarelle (Conseillère d’état) ainsi qu’à de nombreux chercheurs et de nombreuses chercheuses venu·e·s présenter leur projet par tranches de cinq minutes. L’occasion aussi de clore cette riche soirée par une intervention.
Madame Charlotte Mazel-Cabasse a rappelé que la création du dhCenter UNIL-EPFL est la réponse au besoin urgent de se rassembler et de travailler ensemble. Le centre veut promouvoir la relève effervescente, engagée, prête à créer de nouveaux modes de collaboration et de diffusion des travaux scientifiques. Elle a également détaillé l’organigramme du centre, l’organisation bipartite incarnant clairement le souhait d’une gouvernance partagée.
Notre rectrice a mis au coeur de son discours les liens actuels entre l’UNIL et l’EPFL en matière d’enseignement. Elle a rappelé dans ce contexte que la collaboration des deux institutions permet d’assurer chaque année 7’000 heures de cours. A ses yeux, le centre est l’occasion d’étendre ce succès à la recherche en humanités numériques et digitales.
Martin Vetterli s’est réjoui de l’initiative. Insistant sur les nombreuses collaborations déjà instituées, il a mis en avant le bénéfice de ce centre pour un public d’ingénieur, convaincu que les étudiant·e·s de l’EPFL ont beaucoup à gagner à enrichir leurs horizons, la vie demeurant toujours bien plus riche que la technologie.
Notre Conseillère d’Etat a rendu un vibrant hommage à cette initiative, affirmant que l’UNIL et l’EPFL ont saisi toutes les nouvelles opportunités associées au domaine des humanités digitales. Elle a félicité cette mise en commun de nos différentes forces, a souligné l’importance de nos recherches en prenant longuement appui sur les jeux vidéo, un média natif du numérique, au coeur de plusieurs enjeux sociétaux et a signalé que nous avions toute l’attention du conseil d’état.
Il serait bien trop long de détailler les huit présentations suivantes, qui ont vu se succéder Dre Maud Ehrmann (sur Impresso), Raphaël Baroni (sur le recadrage automatique des BD pour le format numérique), Patrick Michel (sur le projet Collart-Palmyre), Boris Beaude (sur Wikimaps), Isabella di Leonardo (sur Lausanne Time Machine), ainsi que Selim Krichane et Yannick Rochat (sur l’étude des différentes dimensions du jeu vidéo). Je décris le site dédié à ces initiatives (et à bien d’autres) dans ce post.
Pour ma part, j’ai clos cette belle soirée en appelant à dépasser le syndrome “inspecteur gadget” des digital humanities au profit d’une véritable renaissance digitale. Parce que ce post se fait long, je reviens plus en détail sur ce discours dans un autre billet.
Il ne reste plus qu’à souhaiter une longue vie au centre!